Tahanea

Tahanea

Vidéo en lien : Seul au monde ou presque !

Redevenu solitaire après avoir quitté nos amis du voilier Nawaks, nous voilà seul au monde ou presque ! Nous sommes quelque peu surpris du nombre de voiliers présents dans cet atoll inhabité. Nous serons quand même une quinzaine de voiliers dans tout l’atoll. Il faut dire qu’un vent de sud, le maramu, vient perturber cet endroit paisible et désert. Il est prévu un vent très soutenu les 10 prochains jours et il nous faut tous nous protéger derrière les motus. Nous voilà donc tous agglomérés au même endroit . Il faut aussi ajouter qu’il n’y a pas énormément d’abris sur ces îles.

La passe Nord, Motupuapua, de Tahanea

Avant de nous mettre à l’abri, nous avons le temps de mouiller juste au Sud de la passe la plus au Nord.

Un mouillage très beau, mais avec de nombreuses patates de corail. Nous emploierons la technique de la chaîne flottée. Cela permet de ne pas abîmer les fonds marins et de ne pas rester crocher en remontant l’ancre. Nous posons l’ancre dans du sable et mettons une première bouée accrochée à la chaîne à deux fois la hauteur d’eau, puis nous mettons une deuxième voir une troisième bouée à distance intermédiaire selon la longueur de chaîne que nous mettons. Jusqu’à maintenant cette technique s’avère bien fonctionné. Nous avions quelques appréhensions concernant la tenue de l’ancre par vent fort, mais jusqu’à maintenant nous n’avons rencontré aucun problème.

Quelques requins pointes noires un peu trop curieux et vifs nous empêchent de profiter de nous baigner «au cul» du bateau. Nous nous baladerons sur le platier et le long de la passe centrale et nous irons explorer la passe Nord à marée entrante en snorkeling.

Une bien belle passe ressemblant à la passe Sud de Fakarava au niveau du corail, mais pas au niveau de la faune. Le fond est tapissé d’un tapis de corail dans toute la passe côté Nord et de voir ces coraux saints emplis mon cœur de bonheur et de soulagement. Ici nous voyons plutôt des poissons de petites tailles, mais en grande quantité. Peu de requins dans le milieu de la passe, ils sont plutôt en arrière, au fond, dans le courant. Une passe qui mérite d’être vue. Nous ne plongerons pas, car nous serons seul et nous privilégions bien sûr la sécurité pour nous plongeurs et pour nos enfants.

Cap au Sud de l’atoll

Nous voilà partis pour le Sud de l’atoll. C’est une petite flottille de voiliers qui se suit, et oui demain le vent arrive et nous allons tous nous mettre à l’abri ! Une dizaine de voiliers se mettront à l’abri derrière le motu le plus grand. N’aimant pas être entassé, nous nous mettrons 1 mile plus loin abrité par le motu voisin.

Nous serons deux voiliers, 2 Catana plus précisément et poserons l’ancre dans 1m50 d’eau. Et à notre grande surprise nous aurons enfin trouvé les sables roses que nous cherchions avec nos amis Nawaks après avoir vu ceux de Fakarava. Et oui à Fakarava, il est interdit aux voiliers d’aller mouiller aux sables roses, quelque peu frustrés nous recherchions le même spot depuis.

Comme vous pouvez l’imaginer c’est un endroit de rêve. Les couleurs toujours aussi belles, une langue de sable découverte à marée basse et quelques patates de corail magnifiques à découvrir en snorkeling.

A terre, un cocotier assez bas avec de belles cocos vertes, nous profiterons de les ouvrir et remplir des bouteilles pour les déguster fraîches ces prochains jours.

Un petit motu qui nous donnera la satisfaction de fabriquer des arcs avec les enfants, une cabane, de faire des barbecues, de s’amuser et de nous balader.

Sur le côté Est, les fonds forment un petit canyon avec une clarté d’eau extraordinaire. Nous jouerons à marée entrante à nous laisser dériver en snorkeling. Les enfants ont adoré et en réclamaient encore.

Le maramu arrivé et le temps un peu plus maussade nous a permis de cocooner un peu. Et oui sous les tropiques nous ne cocoonons jamais et c’est vrai que ça fait du bien. Ressentir le froid, devoir mettre une petite laine, apprécier un chocolat chaud et des crêpes. Mais aussi se serrer un peu plus dans les bras, sans s’énerver parce qu’il fait chaud !

Une petite accalmie

Une accalmie de 2 jours nous permet d’aller profiter d’un motu un peu moins abrité dans le Sud-Ouest. L’ancrage est nommé Seven Ancorage, car vu du ciel le corail forme un 7. Nous ne connaissons pas le nom du motu.

Nous sommes venus ici pour observer les oiseaux, ce motu est un sanctuaire d’oiseaux.

Encore un bel endroit. Chaque motu est différent, bien sûr nous avons vite fait le tour, mais cela reste toujours agréable de les découvrir et nous ne sommes pas encore lassés de les découvrir. Oui un petit regret que celle-ci ne soient pas plus vallonnés, mais ça sera pour plus tard dans les îles de la Société. Chaque chose en son temps.

Nous rencontrerons plusieurs sortes d’oiseaux, mais nous ne saurions pas dire leur nom à part pour le Fou. Certains oiseaux mettent leur nid sur la plage, mais nous n’en verrons pas. Nous supposons qu’avec les importantes vagues d’il y a quelques temps suivies d’une montée des eaux, ceux-ci ont été détruits. Nous observons sur les arbres des nids relativement petits au vu du bébé qui s’y trouve. Des bébés bientôt prêts à prendre leur envol. Certains ont un bec bleu avec du noir et du rouge, et les yeux d’un bleu clair magnifique. Nous ne nous attarderons pas afin de ne pas les déranger.

Juste le temps pour les enfant de fabriquer chacun un nid au cas où il y aurait un oiseau qui tomberait à terre, où si un oiseau décidait de l’utiliser.

La magie des enfants ! Des nouveautés, des découvertes et hop ils fabriquent, ils jouent en rapport avec ce qu’il viennent de découvrir.

Retour dans le Sud

Nous revenons sur nos pas, mais cette fois-ci nous nous mettrons sur le plus grand motu. Certains voiliers ont décidé de prendre ce petit créneau météo pour se déplacer dans un autre atoll. Au vu de mes peurs, nous prenons les meilleurs créneaux météos 😉 et il faut dire que nous avons le temps.

Comme dans chaque motu, nous ferons le tour. Des petites balades qui apportent toujours des petits trésors et son lot de découvertes.

Nous trouverons un ossement, de baleine ? Nous apprendrons en discutant avec Noah qui aide son oncle à la coprahculture, qu’une baleine est venue s’échouer sur le récif il y a quelques années. Comme à notre habitude, si quelqu’un se trouve sur le motu, nous allons le saluer et demander si nous pouvons nous promener. Jusqu’à maintenant, nous n’avons jamais eu de réponse négative. A notre retour, Noah nous a ouvert des cocos vertes à boire. Voilà comment ça se passe l’accueil dans les Tuamotu.

Nous échangeons pendant un bon moment. Nous profitons de poser toutes nos questions sur la culture du coprah. Les deux hommes n’habitent pas ici, ils viennent uniquement pour le coprah. Ils vivent sur l’île plus au nord, Faaite. Lors de la culture, ils peuvent rester facilement 1 mois sur ce motu.

Ils ont un abri, des réserves de nourritures et vont à la pêche tous les jours. Il n’y a aucune possibilité de communiquer avec l’extérieur, sauf à aller plus au nord où une famille a un téléphone satellite. Avec les semaines passées, nous avons appris que les Polynésiens mangent du corned beef. Chose que nous n’apprécions pas vraiment. Nous profiterons pour leur apporter notre réserve de conserves, ainsi que d’autres petites choses.

Le coprah

Le coprah est le séchage de la chair de la coco pour en faire de l’huile. Les cocos brunes tombées à terre sont fendues en deux. Elles sont mises au soleil pendant 2-3 jours. Ensuite, la chair blanche est enlevée de la coque avec un outil spécial. Cette chair est encore mise 3-4 jours au soleil, cela dépend de la météo bien sûr. Il y a différente qualité. Le but est que la chair ne prenne pas l’eau. Pour cela, il est très répandu de voir des abris à coprah. Les plus évolués ont un toit qui coulisse sur des rails. Dès qu’il pleut il suffit de fermer le toit.

Une fois sèche, la chair est mise en sac de 25 kg et envoyée à l’huilerie de Tahiti pour être pressée et en faire ressortir toute l’huile.

Il ne faut pas oublier qu’une cocoteraie demande de l’entretien : nettoyage et plantage.

Nous n’avons vu aucun endroit où il n’y avait pas de coprahculture. Elle est une des principales sources de revenu dans ces îles reculées. Il est aussi courant de voir des personnes faire cela en dehors de leur travail. Le corpah fait partie de la culture polynésienne, il est ancré en eux.

Un moment pour méditer :

Notre culture européenne a-t-elle aussi des valeurs fortes tournées vers la nature ? Pour certains métiers et passionnés oui, mais pour d’autres ? Est-ce dû au nombre que nous sommes ? Devons-nous pas penser plutôt à nous rapprocher de la nature pour faire corps avec elle, plutôt qu’à lui infliger notre société de consommation ?