Nord de l’île du Sud de la Nouvelle-Zélande
Arrivée en ferry
Nous voilà arrivés dans l’île du sud après une traversée de 3h30 en ferry. Une embarcation rondement menée au vu du nombre de voitures et de camions à bord.
La traversée est vraiment confortable. A bord, restaurant, sièges confortables et animation pour les enfants rendent ce trajet agréable.
L’arrivée dans les fjords du nord de l’île est vraiment très belle malgré un temps gris. Il faut environ 1h30 au ferry pour sillonner les fjords et arriver jusqu’à Picton.
Nous ne nous arrêterons pas cette fois-ci dans cette ville. Nous irons directement au campsite gratuit un peu plus bas sur la côte Est. Le vent glacial souffle et nous restons bien au chaud dans Momo pour la fin de journée.
Au réveil, le soleil est déjà présent. Que c’est agréable de ressentir sa chaleur et sa lumière. Comme à notre habitude, nous déjeunons et débutons directement l’école. Pendant 1h30-2h nous enchaînons le français puis les mathématiques. Durant ce voyage, il y a toujours eu des hauts et des bas. Nous sommes plutôt dans la vallée en ce moment et j’espère vite que nous prendrons la pente ascendante !
Nous prenons la route direction Nelson. En passant par la petite ville d’Havelock, nous découvrons que celle-ci est connue pour y déguster ses délicieuses moules vertes. Un peu différentes de celles de l’hémisphère Nord, celles-ci sont beaucoup plus charnues. Il est 11 heures et le patelin à l’air d’être agréable. Nous décidons de nous arrêter pour nous promener et déguster leurs fameuses moules. Nous nous régalerons avec une déclinaison de plusieurs sortes de moules cuisinés. Les enfants quand à eux seront contents avec leurs frites, il faut croire que l’aspect des moules ne leur plaît pas.
Nous continuons notre route dans des paysages magnifiques. Des montagnes de forêt, de grandes vallées mais aussi des montagnes défrichées. La Nouvelle-Zélande produit énormément de bois grâce à un climat propice. Nous croisons régulièrement des grumiers, les ports de commerces ont toujours beaucoup de billes de bois.
Nelson nous offre une petite déambulation sympathique.
Des ruelles comme un décor de western, une jolie église et le Queen’s Garden.
Nous irons également voir la bijouterie où le fameux anneaux du film le seigneur des anneaux a été conçu.
Nous sortons de la ville pour nous arrêter un peu plus haut dans un campsite en bord de mer. Pour la plus grande joie des enfants, ils joueront avec deux filles de leur âge et en plus francophone. Nous profiterons pour échanger avec les parents. Cette famille belge est en tour du monde pour 1 an et ils voyagent en vélo. Incroyable ! Je salue leur force. Nous prenons le temps d’échanger, que c’est chouette de pouvoir partager avec eux.
Mes pensées de ces derniers jours se fixent sur la notion de liberté. Certaines personnes nous disaient qu’avec ce nouveau mode de voyage nous allions perdre en liberté, que la voile était la seule façon d’être libre. La liberté est en fin de compte bien abstraite. Elle dépend de chacun, de comment nous la voyons, de comment nous la ressentons. De quelle liberté parle-t-on ? Financière, émotionnelle, administrative, de ses choix, du lieu ? Il n’y a pas une façon d’être libre. Il n’y a pas un moyen de transport qui donne plus de liberté. Chacun a ses avantages et ses inconvénients, chacun offre une liberté qu’un autre n’offrira pas. Je pense que le plus important est de trouver ses besoins de liberté et de les respecter au mieux. Nous apprécions découvrir des libertés différentes, de nous ouvrir à cela. Plus nous sommes ouverts, plus nous savons ce que nous voulons et ce que nous ne voulons pas.
Cap le plus au nord de l’île du Sud
Nous partons direction le Cap Farewell. Une route très pentue pour s’y rendre sur une bonne portion de route. 10 minutes avant d’arriver, nous sentons une odeur de brûlé dans l’habitacle. Nous nous interrogeons sur sa source. Est-ce dehors ? Ou provient-elle de Momo ? Patrice me dit quelques minutes plus tard que le système de freinage n’est pas aussi performant qu’auparavant. Il doit en quelques sortes pomper pour avoir un semblant de freinage. Nous terminons les quelques kilomètres à vitesse réduite et fort heureusement à plat. Une fois arrivés au campsite, nous inspectons Momo et nous rendons compte que l’odeur provient des roues arrières droites. En plus de l’odeur, les roues dégagent une forte chaleur. Le niveau de liquide de frein est bon. Ce pourrait être un problème au niveau de l’étrier de frein ou du piston d’après nos recherches sur le net. Bien conscient de ne plus pouvoir continuer dans ces conditions et éloigné de tout, nous demandons de l’aide auprès de la gérante du campsite. Elle nous trouve un mécanicien pour le lendemain dans la ville d’à côté, Collingwood, à 20 minutes.
Patrice a un coup de mou et est déçu de ne pas pouvoir profiter pleinement du lieu. Un endroit vraiment beau avec plusieurs randonnées à faire. C’est vrai que si nous avons besoin d’une pièce de rechange nous devons attendre au moins 4 jours car nous tombons sur un week-end prolongé. Je prend un peu plus de recul. Je crois que mes peurs en bateau étaient telles, que sur terre je me sens plus en sécurité. Nous décidons de profiter de notre après-midi et de nous défouler en allant marcher sur la grande dune de sable de Farewell Spit.
Une marche de 14 km pour une durée totale de 3h45. Un dénivelé quasi nul mais une marche la plupart du temps dans le sable. Un début un peu monotone sur la plage côté sous le vent, mais une fois dans les dunes et sur la côte au vent nous en prenons pleins les yeux.
Les paysages sont sauvages et de toutes beautés.
Une fois la boucle effectuée, nous poussons jusqu’à Fossil Point. Nous observerons les coquillages cristallisés dans les gros morceaux de roches au sol. Nous ne verrons pas de phoques cette fois-ci.
Nous terminons cette belle randonnée dans le bush, puis à travers les champs en passant à côté des vaches et des moutons.
Collingwood
Après une route à vitesse réduite, nous arrivons au garage. Diagnostic rapidement fait, l’un des deux tambours du frein arrière droit est inexistant. Il a givré.
Le mécanicien peut nous le remplacer mais les pièces doivent être commandées et viennent de Nelson. Nous devons donc attendre au moins 5 jours ici. Nous avons trouvé grâce à la gérante de l’autre campsite une place face à la mer, malgré ce week-end de forte affluence.
Le temps est nuageux et pluvieux pour ces prochains jours. Nous nous demandons ce que nous allons faire durant tout ce temps ici. Le tour du village est vite fait, charmant mais petit.
Nous nous occupons entre deux averses à faire les deux uniques randonnées de une heure et demie chacune. Les jours passent et notre moral est mis à rude épreuve. Nous sommes frustrés de ne pas pouvoir explorer plus les environs. Les enfants sont dans une période difficile. L’adolescence peut arriver à cet âge ? Nous nous posons vraiment la question ! Naël retrouve des comportements qu’il avait à 3 ans. Ces comportements qui nous mettaient tant à l’épreuve. Entre le test de nos toilettes chimiques, en se demandant à quel moment la cuve pourrait déborder, au je bouche la bonde de douche pour voir combien de temps cela prend pour que l’eau passe sous la porte… Je dois dire qu’avec Patrice nous sommes un peu tendus et serrons fort les dents en croisant les doigts pour que cela passe rapidement. Nous profitons malgré tout de ce camping en faisant des crêpes dans la cuisine commune, en regardant des films avec des voyageurs francophones de passage dans le coin salon et en prenant des douches chaudes.
Sauvé par nos voisins de camping
Nous rencontrons un charmant couple anglais vivant à Nelson depuis 20 ans. Ils viennent toquer à notre porte en nous proposant leur véhicule car ils n’en ont pas besoin le jour suivant. Quelle générosité ! Dans ce voyage, ces échanges et l’entraide sont tellement beaux. Nous en avons rencontré des personnes, je me rappelle de chacune d’elles. Je suis toujours très émue de la bonté et la beauté des personnes. Encore merci Janisse et Ray.
Nous profitons par faire ce que nous sommes venus découvrir ici. Premier stop, le cap Farewell. Le cap le plus au nord de l’île du Sud.
Après une dizaine de minute, nous arrivons à ce point de vue vertigineux et subjuguant. Falaises et arches se montrent à nous.
Nous continuons quelques centaines de mètres en longeant les falaises. D’un côté, cette côte coupée et tombant à pic avec la mer à perte d’horizon, et de l’autre, les pâturages avec ces centaines de moutons.
Un peu plus loin, nous nous arrêtons au bout de la route pour nous rendre sur Wharariki Beach. 20 minutes de marche suffisent à arriver sur ce spot incroyable, encore une fois. Les adjectifs qualitatifs me manquent pour varier le plaisir et le ressentis que nous avons en voyant tous ces paysages…
C’est l’un des sites où nous croiserons le plus de touristes depuis notre arrivée dans l’île du sud. Un lieu à découvrir à marée basse et/ou au coucher du soleil. L’eau descendue laisse des piscines aux alentours des roches ou les otaries à fourrure viennent se prélasser. Actuellement, les progénitures sont très présentes et viennent jouer dans ces petites piscines. Un moment merveilleux. Camille en rêvera même la nuit ;-).
Nous continuons le long de la plage. La marée basse nous offre de beaux paysages sur le sable et nous nous amusons à passer sous les nombreuses arches.
Le spectacle sous les arches en plein milieu de l’eau est aussi très beau. Nous pique-niquerons avec une vue splendide.
Nous terminons notre tour en revenant par l’intérieur des terres avec une vue différentes sur les arches au loin.
Un petit goûter s’impose et pour cela nous allons à «The Langford Store», endroit recommandé par Janisse et Ray.
Un ancien office de poste reconvertit en Tea Room et magasin de style ancien. Une caverne d’Alibaba. Je ne suis pas très fan de ces lieux, un peu trop surchargé visuellement. Mais c’est toujours intéressant de retrouver des affaires d’époques et de s’imaginer leur utilisation, comment cela a pu évoluer à ce que nous avons aujourd’hui. Un endroit malgré tout sympathique et très bien agencé.
Nous continuons notre folle journée. Il faut le dire les déplacements sont beaucoup plus rapide en voiture qu’avec Momo et en plus nous comptons bien profiter de cette offre généreuse. Nous voilà donc à Te Waikoropupu Springs. Un petit tour de 25 minutes en passant pas une source d’eau avec un débit pouvant aller jusqu’à 11 m3/seconde.
Il faut aussi savoir que ce lieu est un endroit sacré pour les Maoris. Malgré la pluie et le peu de luminosité, l’eau est très belle et limpide. L’endroit doit être beaucoup plus impressionnant avec le soleil. Nous voyons bien la source sortir du fond et créer un petit bouillonnement à la surface et un peu plus loin les eaux s’écouler pour prendre la direction de la rivière.
Dernier stop, le Labyrint Rocks à Takaka. C’est véritablement un vrai labyrinthe dans la roche. Une roche sculptée par l’écoulement de l’eau avec les siècles.
Les roches prennent des formes diverses, il y en a même qui forment des petites arches à peine franchissable.
Des petites jeux sont éparpillés dans tout le labyrinthe. Les enfants se sont amusés à les compter. C’est de loin l’endroit qu’ils ont préféré de la journée. Comme quoi, ils n’ont pas du tout les mêmes envies que nous, la même vision et cela confirme bien que le jeu est fondamental pour eux !
Avant de rentrer, nous faisons stop à Mussel Inn, un restaurant qui brasse leur propre bière. Un endroit super sympa. Les enfants peuvent jouer sur la grande balançoire extérieur, pendant que les adultes dégustent leur bière. Nous grignotons un petit truc avant de rentrer et prendre une dernière bonne douche chaude. Demain, si tout va bien, Momo aura de nouveaux freins.
Momo et ses freins
Nous arrivons au garage aux alentours des 10 heures et ouiiiiii, le mécanicien a reçu les pièces.
Nous filons boire un chocolat chaud, au chaud. Dehors, il pleut. Les enfants font l’école et moi j’écris ses quelques lignes sur notre journée chargée d’hier. Comme prévu Momo est prêt deux heures trente plus tard. Nous le récupérons et nous nous délestons de plusieurs centaines de dollars néo-zélandais. Le voyage nous apprend à plus vivre au jour le jour avec plus de recul, en trouvant des alternatives et à voir surtout le positif, bien que ce n’est pas toujours facile sur le moment. Notre capacité d’adaptation a quand même beaucoup changé depuis le début du voyage.
Une page du livre de bord toujours au top….. à propos de « la liberté » véritable serpent de mer….Le plus beau voyage est de se prouver sa liberté ou le moyen de « déplacement » n’est qu’un moyen le plus simple etant ses pieds…;donc mettre une échelle de valeur dans les ‘moyens » est d’une redoutable absurdité…… »Tu ne peux pas voyager sur un chemin sans être toi même le chemin » Bouddha……
Il suffit de se souvenir de la « liberté » de caboter d’iles en iles à coup de test PCR aux antilles pour conclure que la liberté est toujours conditionnelle jusqu’à être menacée……par des obligations réglementaires……
Avec un peu de retard… merci pour cette belle réflexion. J’apprécie ces échanges qui nous font grandir et avancer 🙂
« Le vrai voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux. »
– Marcel Proust