Les Grenadines

Les Grenadines

Cap au sud

Vidéo en lien : Nouvelle destination: direction le sud

27 juillet 2021, une jolie navigation s’annonce pour cette destination. Nous partons serein sur notre fidèle destrier Niue, notre boussole vise une escale intermédiaire à Sainte-Lucie pour la nuit. Il faut dire que si nous pouvons éviter de faire une nuit en mer, nous le faisons. Nous avançons dans la prise de conscience de nos difficultés, de ce qui peut engendrer des tensions au sein de la famille et essayons d’avancer en prenant en compte ces difficultés et nos besoins. Nous savons que la fatigue est un point faible pour nous. Nous adaptons donc notre voyage, bien que nous sommes tentés par moment de ne pas le faire. Cette première navigation se fait sous une jolie allure, une mer belle et un vent constant de l’ordre de 15-20 nœuds. Niue fend les vagues à belle allure. L’équipage est heureux de reprendre la mer vers d’autres horizons. Nous apprécions avoir un rythme un peu plus soutenu, cela augmente notre envie d’exploration, de découverte, pour ensuite, prendre une petite semaine de «vacances». Nous passerons donc une nuit à Sainte-Lucie, au mouillage, sans débarquer.

28 juillet 2021, nous repartons à 5h30 avec le lever du soleil. Sous le vent de l’île de Sainte-Lucie le vent est quasi nul, la mer est plate. Le lever du soleil nous offre des couleurs incroyables. Nous faisons route plus au sud au moteur. Nous passons les fameux pitons. Deux pics de roche surplombant la mer, majestueux  ! Une lumière rend le paysage somptueux qui nous renvoie dans nos souvenirs de 2009 et 2018. La pointe sud de l’île atteinte, la mer commence à se réveiller accompagnée par le vent sous l’effet de pointe. Niue aurait avancé à vive allure si nous n’avions pas 2 nœuds de courant contre nous. Notre record ne sera pas battu ici, c’est certain, mais qu’importe nous ne sommes pas ici pour battre des records mais plutôt pour se réapproprier la mer, prendre confiance toujours plus en Niue et en son équipage. Nous sommes de plus en plus dans le moment présent, du moins nous essayons. Vivre avec les éléments, accepter le peu de vent, patience, un mot que nous devons encore apprendre et qui sera bénéfique dans notre quête du bien être familial. Une fois le canal entre Sainte-Lucie et Saint-Vincent passé, nous retrouvons le calme, abrité sous l’île de Saint-Vincent. Ce calme se marie bien avec ce que doivent ressentir maintenant les habitants de cette île touchée par l’éruption volcanique il y a quelques mois. Ce mot ne devait pas être présent lorsque la Terre a décidé de cracher son amas de fumée, de cendres à des centaines de kilomètres. La face nord ne laisse rien paraître, sa verdure est encore intacte. La face sud l’est beaucoup moins. Nous apercevons au loin un panel de gris, noir. Le vert est absent et nous distinguons la cime des arbres brûlés, à flanc de colline. Un peu plus sud, nous aurons droit à un beau grain, maillot de bain requis de même que masque et tuba pour avoir un semblant de visibilité. Et n’oublions pas le balai brosse pour refaire une beauté à notre compagnon de voyage, Niue. Nous voilà sur le dernier tronçons, par chance le courant est avec nous, à défaut de ne pas l’avoir eu dans le canal le matin, mais ce n’est pas de tout repos. Moteur en marche, obligé car pour atteindre le mouillage de zone de quarantaine, le vent est de face. En tirant des bords, je ne sais pas si nous y serions arrivés.

En cette période de Covid, l’entrée se fait uniquement à Young Cut Island, tout au sud de l’île. Nous ne parlerons pas des formalités d’entrée car avec cette crise sanitaire, les changements sont très rapide et notre article déjà obsolète. Il faut savoir au moment où nous nous y sommes rendus, seul un test avant le départ était requis ainsi qu’une nuit au mouillage et des taxes pour la personne intermédiaire. Pour certains, l’entrée s’est faite en quelques heures et pour d’autres, comme nous, il a fallu plus de 24h. Nous y retrouverons deux bateaux copains Zébulon et Bulle.

Saint-Vincent, nous n’y resterons pas. Patrice s’étant bloqué le dos à cette escale, nous trouvions plus judicieux d’aller faire une convalescence sur une plage plutôt que dans un mini bus, sans amortisseurs  ! Direction Bequia avec Zébulon.

Bequia, l’île aux chasseurs de Baleine

Vidéo en lien : Bequia, l’île aux chasseurs de baleines

Nous y voilà, nous changeons de culture, de langue et de paysage, enfin presque. Il y a un peu de ça, mais nous retrouvons aussi des choses communes comme le jeu du Domino avec le même point commun de taper sur la table en posant son pion. Les paysages, la végétation restent relativement semblable. La typicité de la population également.

Bequia est la plus grande île des Grenadines de Saint-Vincent. Sa population est d’environ 5300 habitants d’origine africaine, d’anciens colons et d’américains. Sa superficie est d’environ 18 km².

Saviez-vous que dans le monde il reste encore 3 pays pratiquant la chasse à la baleine ? Et bien Bequia en fait partie. Le drapeau de Bequia contient une baleine, l’architecture des bateaux locaux est issue de baleinières. En déambulant dans la rue principale de Port Elizabeth, vous pouvez acheter des os de baleines, des dents de cachalots et divers bijoux confectionnés à base de baleine. Il y a même un bar où vous êtes assis sur des vertèbres de baleine, l’entrée est orné de côtes, le bar a également son os. Un magasin vend des maquettes de baleinière, du travail fait tout à la main et pouvant représenter jusqu’à trois semaines de travail. Nous avons apprécié nous rendre dans cette petite boutique du centre ville et discuter avec l’un des artisans.

Il faut savoir que le quota de baleine tuée est limité à 4 par an. La dernière tuée en date était il y a trois mois avant notre venue, ce qui nous rend à fin avril. Il n’y a plus d’exportation, tout est vendu localement, aux enchères et en priorité aux habitants de l’île. La chasse à la baleine est faite de manière traditionnelle. Pour en savoir plus, un article intéressant ici.

Nous restons sur un avis partagé de cette chasse. Nous prônons la différence, s’ouvrir à cela. La différence est partout. Il n’y a pas de raison de ne pas s’ouvrir à la différence de culture. Nous n’avons aucun a priori et nous apprécions les différences de culture. Il y a toujours tant à apprendre, tant à découvrir. Quoi qu’il en soit, nous sommes soulagés du fait qu’un quota soit mis en place, que la chasse est faite de manière ancestrale et que la consommation reste locale. Nous croyons que c’est ce qui est le plus important. Ne pas revenir au temps où la baleine était en voie d’extinction.

Bequia c’est aussi des randonnées le long de la baie de Port Elizabeth. Vous pouvez vous rendre jusqu’au fort vous offrant un joli panorama sur la baie. A vrai dire le fort, il n’y en a pas. Juste quelques canons y sont présents.

En partant de l’autre côté, vous avez le Princess Margaret Trail qui mène jusqu’à une plage et qui offre aussi un joli point de vue et un passage le long de la roche agréable. Nous aurons l’occasion d’aller jusqu’à Freeman Bay du côté est de l’île. Un endroit mythique car c’est de là que partent les baleinières quand une baleine passe au large.

La dernière marche effectuée est celle qui nous mène au sanctuaire de tortues. Une jolie marche nous menant jusqu’au bord de la mer de l’autre côté de l’île.

Un endroit qui nous laisse songeur. Des tortues avec très peu d’espace, qui reste 5 ans au même endroit. Certaines tortues sont mêmes mises à l’écart dans un bassin de 1mx1m car elles se battent entre elles, plusieurs d’entre elles ont des nageoires arrières mordues. Le monsieur qui tient ce sanctuaire nous affirme avoir sauvé déjà plus de 900 tortues depuis le début. Leurs prédateurs : les oiseaux, les crabes et l’homme. Et oui, ici la population mange les tortues et les œufs. Après 5 ans en captivité, les tortues arrivent-elles à se débrouiller seule dans la nature ?! Difficile de savoir s’il y a une population de tortues plus élevées depuis que ce sanctuaire existe.

Il faut savoir qu’il n’y a pas de chemin sur l’île, ou très peu. Toutes ces randonnées sont faites sur le bitume, rien de gênant en somme vue le peu de circulation sur cette île.

La principale ville, Port Elizabeth, est un endroit agréable, animé, la musique y est présente, les coup de klaxons également. De jolies maisonnettes colorées, avec des inscriptions parfois rigolotes. Des marchands de fruits et légumes un peu partout. Un «grand» supermarché, enfin le plus grand de toutes les Grenadines. Il y a tout ce dont on a besoin ici.

Petit-Nevis et Baliceaux

Vidéo en lien : Une île déserte envahie par les tortues

Une accalmie s’offre à nous, nous profitons pour découvrir des îles moins bien protégées du vent et surtout de la houle. Nous nous dirigeons en premier lieu vers Petit-Nevis, une première île inhabitée. Haute de 90 m avec une sorte de langue sur son côté sud-ouest, elle a beaucoup de charme. Une randonnée en fin de journée jusqu’à son sommet avec pour but de voir Niue au mouillage, nous dévoile des points de vue sur toutes les îles alentours et des paysages variés malgré sa petite taille.

Le trajet n’est pas aisé jusqu’au sommet, la fin n’est pas vraiment marquée au sol, mais nous aimons ça, nous perdre dans la nature et arriver à notre but. Une montée d’une heure. Le retour beaucoup plus rapide, les couleurs orangées de fin de journée nous réchauffent le corps et nous rendent paisible et heureux. Cela nous rappelle encore une fois comme la nature est belle et qu’il est impossible de s’en lasser.

Petit-Nevis c’est aussi de jolis fonds marins et un peu d’histoire. C’est sur cette île que les baleines mortes sont tractées, dépecées et vendues aux enchères. S’imaginer un jour de pêche avec cet activité et cette joie d’avoir réussi la chasse nous donne des frissons dans tout le corps.

Nous poussons plus à l’est afin de mouiller sous le vent de l’île de Baliceaux, une autre île inhabitée qui nécessite un temps très calme, le mouillage devenant vite inconfortable. Une autre exploration s’offre à nous. Nous serons seul au mouillage durant trois jours. Une île avec deux petites maisons, de pêcheurs très certainement, que nous ne verrons pas, ainsi que des centaines et des centaines de tortues de terre. Étonnés par leur nombre, nous ne le serons plus au fil de notre descente des îles. Toutes les Grenadines en sont envahies !

Nous irons prendre une centaine de mètres de hauteur afin de nous rendre compte toujours plus de ce que nous vivons, de la chance d’être ici, de vivre simplement de cette nature et de se retrouver une nouvelle fois en famille.

Nous pêcherons, jouerons dans les vagues, mangerons sur la plage après avoir fait notre barbecue. Des moments simples mais ressourçant.

Nous ne nous arrêterons pas à l’île de Moustique, l’île aux milliardaires comme on la nomme. Ici une bouée est obligatoire, forfait assez cher pour trois jours et une obligation de rester deux jours sur le bateau comme une sorte de deuxaine…

Canouan

Vidéo en lien : De belles rencontres à Canouan

Notre premier mouillage sera à Rameau Bay, au nord de Charlestown Bay. Nous mouillons devant une petite plage. Les fonds marins y sont beaux, nos exigences des fonds marins sont revus à la baisse. Je ne sais pas si c’est le fait d’avoir vu déjà des fonds marins de meilleures qualités que nous sommes souvent déçus, quoi qu’il en soit, nous trouvons une alternative en scrutant les moindres détails et en passant du temps à observer longuement la faune et la flore sous un autre angle. Pour les enfants, pas d’inquiétudes ces fonds marins leur font écarquiller les yeux et des cris dans le tuba résonnent à chaque poisson, un peu trop souvent à notre goût. Le calme et l’apaisement de l’eau n’est pas toujours présents ;-).

L’exploration à terre de ce côté-ci n’a pas vraiment d’intérêt. Nous profiterons d’un buffet canadien à terre avec 5 autres bateaux copains. C’est une des façons de nous sociabiliser et de partager nos aventures.

Un vent de sud-ouest arrive qui nous contraint à changer de mouillage. Nous nous rapprochons de la ville de Canouan et mouillons dans Charlestown Bay. En mettant pied à terre, nous faisons la connaissance de Glen. Glen est pêcheur, ce matin là, il vend son thon au bout du ponton. Voyant notre intérêt sur son métier, il nous explique gentiment comment il prépare son poisson, ouvre l’estomac du poisson en montrant la nourriture que celui-ci a ingéré quelques heures avant. Il nous explique comment il pêche, ses techniques, son bateau, enfin sa barque qu’il a fabriqué lui-même. Il nous propose de venir à notre bateau en fin de journée pour aller pêcher ensemble. Surpris par sa gentillesse et sa proposition, nous restons septique. Dans notre société, nous sommes peu habitués à cela. Nous sommes toujours sur nos gardes, les personnes trop gentilles ont forcément quelques choses à nous demander en retour. Il n’y a rien sans rien. La méfiance est de mise. Comment sortir de cet engrenage qui nous fait avoir des émotions malsaines ? Comment faire confiance ? Comment, comment, comment ? Comment en sommes-nous arrivés là ? J’espère que le voyage nous fera évoluer sur ce point, que ces émotions négatives en nous ne soient plus.

Une expérience qui nous montre que nous avions bien sûr tort. Nous voyons arriver Glen avec un ami. Dans notre plus grand étonnement, Naël monte seul avec les pêcheurs. Je crois que l’attrait du bateau moteur a eu raison de ses difficultés aux changements et aux imprévus. L’observation de la traînée que forme la coque et l’analyse du moteur ont été bien plus fortes. Camille, Patrice et moi montons à bord de notre annexe, cannes à pêche en main. Nous partons en traînant nos leurres et allons plus au sud, de l’autre côté de l’île. Une première, puis une deuxième prises pour les pêcheurs rendent Patrice quelque peu contrarié. Sa fierté est mise à mal et il ne souhaite pas rentrer bredouille. Comme Glen nous l’a expliqué, nous cherchons les oiseaux qui mangent les petits poissons et dessous eux se trouvent les plus gros. Nos regards scrutent la surface de l’eau. Nos efforts nous permettront trois belles prises au plus grand bonheur de Patrice. En plus de cet échange exceptionnel, nous en prendrons pleins la vue avec de superbes couleurs au coucher du soleil. Nous rentrerons de nuit. En échange, nous ne garderons qu’un seul poisson, le reste est pour eux. Nous leur faisons découvrir le ti punch martiniquais. Un échange comme on les aime, une rencontre improbable mais tellement belle. Glen reviendra demain nous apporter des conches (lambis) et nous proposera de découvrir son futur projet. L’ouverture d’un restaurant avec sa compagne. Si vous passez par là et que vous cherchez un restaurant n’hésitez pas à vous y rendre. Après avoir passé le «vegetable market», vous verrez au croisement de route à droite un toit rouge, c’est là. Nous avons visité son chantier le lendemain matin et Glen nous a expliqué tous les travaux qu’il avait entrepris et ceux restant à faire. Il travaille vraiment très habilement de ses mains et le rendu est très beau et moderne.

Nous nous rendons compte que plus nous nous éloignons de Saint-Vincent, plus les prix augmentent et qu’il n’y a pas toujours ce que l’on souhaite dans les magasins alimentaires. Ici à Canouan, il y a une grande marina qui s’est ouverte, mais est déserte. Apparemment, il y aurait un supermarché bien achalandé, mais au prix excessif. Nous ne nous y sommes pas rendus, nous ne pouvons donc pas confirmer ces dires.

Il faut savoir que Canouan a une superficie de 10 km² et compte environ 750 habitants, la majorité de la population est regroupée dans la ville.

Les réputées Tobago Cays

Vidéo en lien : Les réputées Tobago Cays

Ce sont 5 îles inhabitées, protégées par une barrière de corail en forme de fer à cheval. Ici la nature est omniprésente, elle a sa place, d’autant plus en cette période de crise sanitaire. D’habitude des dizaines, voir une centaine de bateaux sont présents, nous ne serons pas plus de 10 bateaux au mouillage.

Vous observerez ici tout un nuancier de couleur de bleu : apaisant, hypnotisant, relaxant. Un endroit calme, adoucit par la beauté de la nature. Assis dans le cockpit, nous entendons des petits souffles autour de Niue. Nous nous retournons et nous voyons une petite tête sortir de l’eau et repartir dans les profondeurs. Et oui ici les tortues sont reines. Il suffit de plonger depuis le bateau pour partir les observer. Qu’est-ce qu’elles sont belles. Le dessin sur leur carapace est magnifique, elle n’ont quasiment pas d’algues. Des contours parfaitement dessinés. Des yeux en forme d’amande qui laissent penser à une forme de tendresse.

Des raies, des poissons coffres et des poissons porc-épic croisent nos chemins. Nous partirons plonger en apnée dans la passe à l’est des îles. La faune y est bien présente et nous nous régalons à nager dans les bancs de poissons. Nous verrons même un requin à pointe noire au loin.

Sur terre, nous profitons de plusieurs sentiers pour nous balader. Sur l’île de Baradal, nous retrouvons les tortues de terre mais également des iguanes. Ils se confondent parfaitement avec la végétation et sont donc difficilement visible. Nous les trouvons plus farouche qu’il y a 4 ans. Nous n’en verrons qu’un seul.

L’île de Petit Bateau, où l’on peut faire le tour de l’île, nous offrira une vue imprenable sur tous les Tobago Cays.

Nous repartirons d’ici heureux, mais un peu déçu de ne pas avoir pris une fenêtre météo un peu moins venteuse qui rendait l’eau un peu trop agitée par moment.

Mayreau

Vidéo en lien : Mayreau, sa vue sur les Tobago Cays

Après quatre jours au Tobago Cays, nous décidons de partir, nous y serions bien restés mais c’est un parc marin et il est donc payant.

Au vu de la bonne fenêtre météo, nous allons mouiller dans un lagon sur la côte aux vents de Mayreau, au mouillage de Windward Bay. Nous plantons l’ancre dans de l’eau turquoise, entre les centaines d’étoiles de mer. Un vrai bonheur, nous nous amuserons à les déplacer pour qu’elles ne se fassent pas mal avec la chaîne lors des mouvements de Niue. Nous découvrirons de belles patates de corail avec pas mal de vie. A terre nous nous baladons le long de la plage, mais rentrons vite au bateau. Nous nous faisions attaquer par des moucherons qui piquent ! Après une nuit calme, nous partons sous le vent de l’île. Un premier mouillage à Salt Whistle Bay, où la mer des Caraïbes n’est séparée que par une langue de sable par l’Océan Atlantique. Plage paradisiaque avec ses cocotiers et sa belle eau cristalline. Un mouillage très prisé en temps normal. Nous y resterons qu’une nuit, l’odeur des sargasses venant ternir ce coin paradisiaque. Nous supportons mal cette odeur qui nous donne des maux de tête.

Nous filons plus au sud à Saline Bay. De là, nous partons explorer l’unique village d’environ 300 habitants, perché en haut de l’île de 3 km², à 70 mètres d’altitude. La côte est raide et la chaleur imposante. L’ambiance est bonne. Les bars sont animés, la musique retentit à chaque coin de rue, nous entendons le bruit des dominos frapper les tables, les gens rient ; qu’il est agréable de se promener dans une telle ambiance. Les gens sont avenants, nous avons même le droit au «Welcome to the paradise, ici vous êtes chez vous, en sécurité, vous pouvez rester tant que vous voulez».

Nous irons voir la fameuse vue sur les Tobago Cays, le promontoire se trouve à l’arrière de l’église.

La vue en vaut le détour. Nous partons ensuite à la recherche de la boulangerie, Simon’s Bakery ; au passage il fait du bon pain. Sa boulangerie est en fait une petite cuisine, avec un four traditionnel où il fabrique 3 ou 4 pains à la fois. On nous demande souvent pourquoi nous ne faisons pas le pain nous-même. Alors tout d’abord nous faisons notre pain, mais il faut dire qu’à quatre personnes il part vite, trop vite. Trouver du pain supplémentaire, nous permet de nous faire des petits plaisirs comme des croques monsieur ou des hamburgers. Deuxièmement, nous aimons partir à la recherche de la boulangerie. Dans ce cas, cela nous permet de nouer des liens avec la population, de passer par des chemins que nous n’aurions pas forcément empruntés et pour terminer de participer à l’économie locale.

Saline Bay offre une longue plage de sable. Nous trouvons même des tables et parasols pour un pique-nique avec le bateau copain Vanilla. Nous nous régalerons avec les dizaines de noix de coco ramassées, des cocos vertes où nous buvons l’eau de coco, et les brunes qui nous offrent un bon dessert.

Les provisions en produits frais nous font défaut. Le petit supermarché de Mayreau n’offre que très peu de choix. Après deux grosses journées de pluie, nous décidons de partir sur l’île d’Union où nous savons que les produits frais sont plus abondants.

Union

Vidéo en lien : Union, une magnifique rando vs on est dans la m…

Cette île de 7 km² a un relief important et très verdoyant, elle peut être parfois appelé la Tahiti des Antilles.

Nous faisons un premier stop à Clifton pour nous ravitailler. Ici nous ressentons l’effet Covid. Les bateaux de charter sont à l’arrêt, il n’y a pas de touriste. A peine arrivé dans le mouillage que l’on vient nous voir. On nous demande si l’on veut prendre une bouée. Je ne sais pas si ma lecture est bonne ou alors si c’est mon empathie qui prend le dessus, mais j’ai de la peine. Quelque chose me fait mal au cœur. Nous refusons la bouée car nous nous mettons à l’ancre. Ils cherchent ce qu’ils pourraient bien nous proposer. Gazoline ? Gaz ? Langoustes ? Il est dur de tout refuser. Mon cœur pleure. Je me console en pensant que peut-être je me trompe sur leurs besoins, peut-être qu’ils ont trouver une alternative à cette crise, que peut-être ils sont mieux sans touristes.

Nous allons à terre. Clifton est réputée pour son village coloré, sa petite place fort sympathique et ses petites maisons qui vendent des fruits et légumes. Nous déambulerons un moment. Un arrêt chez le vendeur de maïs cuits au barbecue au bord de la route, puis direction l’avitaillement.

Nous repartons chargé et prêt à être autonome pour un moment. Un coup de vent arrive et nous décidons de partir au nord de l’île à Chatham Bay nous abriter.

Une baie sauvage se dévoile à nous. Un petit restaurant, quelques maisons de pêcheurs et un hôtel sans clients.

Ici ce sera snoerkeling, petit repas au restaurant, football pour les enfants avec les locaux, kayak, fabrication de leurre chez les voisins et moment de partage avec des bateaux copains. D’ici nous partirons en randonnée de 5 heures jusqu’au Mont Taboï, le plus au sommet d’Union, accompagné du bateau copain Black Lion.

Une superbe ballade avec des vues incroyables. Les enfants marchent de mieux en mieux, nous pouvons maintenant partir en exploration dans les terres sans vraiment se préoccuper de la durée. Nous garderons un super souvenir de cette journée.

Petit Saint-Vincent

Cette île est privée, un hôtel y est implanté. Le mouillage est agréable. L’accès au bord de plage est toléré. Le sable blanc est sublime et l’eau turquoise ! Ce mouillage est également bien pour se rendre sur l’île de Morpion. Un îlot d’environ 20 mètres de diamètre avec pour seul chose dessus un parasol et des oiseaux. Nous la visitons pour la troisième fois, à chaque fois sa forme n’était pas la même. La nature façonne son paysage au grée des vagues, du vent et du climat. Un endroit idyllique qui vaut la peine de s’y arrêter juste pour la photo et une vue de drone.

La départ approche

Un retour sur Chatham Bay pour retrouver les bateaux copains Vanilla, Zébulon et Yolo, puis nous remontons sur Bequia afin de préparer notre départ. La question se pose de notre prochaine destination. Que fait-on ? Sommes-nous prêts à prendre la direction du Pacifique ? Allons-nous sur Trinidad et Tobago ? Grenade est confinée, cela exclue une destination. En fonction des formalités sanitaires et du coût lié aux tests Covid, nous décidons de prendre la direction de Curaçao. Cap à l’ouest ! Nous sommes heureux de ce choix, de découvrir une île non connue et de prendre le chemin de nos prochaines envies !

Nous avons apprécié nous rendre dans les Grenadines, bien que nous les connaissions déjà. Avancer dans le voyage nous a fait du bien, voir que la réalisation de son rêve avance rend les choses dynamiques. Nous étions souvent avec d’autres bateaux copains avec enfants ce qui était bien pour Camille et Naël. Nous aurions pu y rester encore, mais nous avons ce besoin d’avancer, de ne pas avoir l’impression de stagner. Les difficultés que nous rencontrons avec les relations sociales dans le voyage c’est que c’est un peu tout ou rien. Dès que nous sommes avec d’autres bateaux copains, nous nous voyons beaucoup, il est dur de dire stop à soi et aux autres, dur de dire stop aux enfants, sachant que ça leur fait du bien de voir d’autres enfants. Cela ne sera pas toujours le cas, alors autant en profiter. Mais nous savons après que c’est trop, surtout pour notre garçon autiste. A l’heure où j’écris ces lignes, nous avons encore les effets 4 semaines après. Tout n’est pas dû à cela, mais en grande partie certainement. Le temps pour retrouver l’équilibre est long. Plusieurs personnes nous ont dit que nous avions l’air heureux sur les photos et les vidéos, mais que ce n’était certainement qu’une facette de ce qu’ils voyaient. Ce n’est effectivement qu’une facette. La vie n’est pas toujours simple tous les jours. Des choses nous manquent. Être tous les 4 ensemble tout le temps n’est facile pour aucun d’entre nous. Nous avons tous nos moments de blues, nos moments où nous voulons être seul, nos moments où nous en avons marre. S’occuper de ses enfants tout le temps est fatiguant, nous sommes par moment très fatigués. La chaleur ne nous aide pas en ces temps de saison des pluies, cela nous rend irritable. Mais sommes-nous plus malheureux qu’auparavant ? Le climat familial est-il plus tendu qu’avant notre départ ? Sentons-nous nos enfants moins épanouis ? Non, non et non. Non, nous ne rentrerons pour rien au monde aujourd’hui !

Un temps pour méditer :

Prendre le cap à l’ouest, c’est avancer dans nos rêves.