Reconnaître ses limites

Reconnaître ses limites

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Nous voilà partis de La Gomera le dimanche 10 janvier 2021 pour continuer notre chemin plus au sud.

Une fenêtre météo s’ouvre

Après la dépression qui nous a contraint à rester dans les îles Canaries pendant 10 jours, une fenêtre météorologique se profile. Un bon flux de nord/nord-est se présente. Nous sommes conscients que la mer ne sera pas clémente du fait de la dépression qui vient de passer. Une navigation d’environ 800 miles nous attend pour rallier l’archipel du Cap Vert. Nous sommes donc toujours accompagnés de mon papa pour cette navigation.

Notre état mental

Patrice, pour ceux qui ne le connaissent pas, est un battant. Il ne se pose pas mille et une questions, il est très rationnel. Il a une force mentale incroyable (vous pouvez voir son palmarès ici).

Avant ce départ, il est tout à fait serein et bien, contrairement à moi. J’appréhende toujours les navigations et j’anticipe beaucoup. Lors de la dernière navigation, j’avais toujours des craintes mais le plaisir et le bien être essayaient de prendre leurs places. J’essayais de prendre du recul, de ne pas être dans l’anticipation et de ne pas transmettre mes émotions au reste de la famille. Ce rêve que l’on attendait tant ne prenait pas le chemin que je souhaitais, j’étais en colère contre moi-même. J’étais triste et je ne pouvais savourer pleinement la vie à terre. Toutes mes pensées allaient aux prochaines navigations.

La traversée

Nous voilà partis ce dimanche aux alentours de 10h45. Deux bateaux copains sont venus nous aider à larguer les amarres, moment toujours sympathique dans le monde de la voile.

Début de navigation au moteur, très calme sous le vent de l’île. Plus nous nous approchons de la pointe sud, plus le vent monte et la mer agitée. Pendant environ 24h, le vent était assez fort allant jusqu’à 32 noeuds et, une mer formée et croisée rendant la navigation peu confortable. Nous sommes au génois (voile d’avant) seul, nous garderons cette voilure durant toute la traversée.

J2: le vent mollit, la mer se range un peu. Nous devons même faire quelques heures de moteur et nous en profitons pour faire de l’eau avec notre dessalinisateur.

J3: la moyenne de distance diminue, le vent est faible et notre moyenne de vitesse est de 4,5 noeuds.

J4: notre moyenne augmente. La mer est à nouveau agitée et le vent varie entre 22-28 noeuds. La navigation n’est pas agréable, les vagues sont de travers et viennent percuter Niue sur le côté ou sous la nacelle (partie qui relie les deux coques).

Petite interrogation sur notre barre tribord qui montre un bruit inhabituel. Elle fait une sorte de claquement comme si elle se bloquait. Nous décidons de démonter la boussole pour pouvoir avoir accès à l’arrière de la barre. Nous ne voyons rien d’anormal. Un petit peu de WD40 et nous n’entendrons plus jamais le bruit !

J5: le vent et la mer sont toujours identiques et nous subissons cette mer croisée et inconfortable. Nous sentons la structure de Niue se mouvoir dans tous les sens. Nous croiserons des dauphins que nous verrons à peine dans cette mer sombre et agitée.

J6: la mer restera la même jusqu’à notre arrivée à la marina de Mindelo sur l’île de Sao Vincente dans l’archipel du Cap Vert.

Nous arrivons après 6 jours et 3 heures. Première Navigation de plus de 24 heures où Niue se porte à merveille et ne montre aucun problème technique.

Et les enfants dans cette navigation

Les enfants s’occupent assez souvent seuls et modifient leurs jeux selon l’état de la mer. Ils jouent beaucoup au Plus Plus et intègrent leurs voitures à la réalisation de leur Plus Plus. Nous avons également prévu et préparé dans un coin des activités que nous leur proposons durant la navigation. Cela nous évite d’aller dans les armoires ou dans les fonds de cale durant la navigation (il faut se préserver et économiser nos forces !). Voici des exemples d’activités :

  • Livre autocollant
  • Pâte à modeler qui durcit à l’air
  • Voiture en bois à construire et à colorier
  • Coloriage
  • Tampons
  • Cartes à gratter

Ils adorent également écouter la Fabrique à histoire, jouer avec leur appareil photo qui fait aussi office de jeux et écouter des podcasts.

Camille est beaucoup plus active que Naël lors des navigations. Elle peut faire ce qu’elle veut, nous devons même un peu la réguler. Elle est impressionnante.

Naël est aussi très à l’aise et il s’est très bien adapté à la vie marine. Cependant lors de cette navigation et aussi lors de la traversée Gibraltar-îles Canaries nous avons remarqué qu’au bout de 4-5 jours, soit il commence à s’agiter, à etre plus impulsif ou au contraire s’éteindre un peu et montrer des signes de fatigue, des cernes apparaissent malgré des nuits entières de sommeil. Nous lui proposons régulièrement des massages aux mains qu’il apprécie particulièrement et qui lui permet de se détendre et de réguler ses émotions.

Cela nous amène à une réflexion sur le bien fondé d’une traversée de l’Atlantique, en plus de mes craintes qui font que cette traversée n’était vraiment pas plaisante.

Par cet article, qui a aussi pour but de laisser une trace de ce voyage à nos enfants, nous souhaitons leur dire à quel point nous sommes fiers d’eux, de leur capacité d’adaptation et de leur force.

Laisser place à la réflexion

Nous voilà arrivés dans cet archipel du Cap Vert que nous connaissons déjà et sommes heureux de le retrouver. Un endroit propice à la réflexion qui va nous permettre de trouver le meilleur chemin à prendre dans ce voyage pour trouver un équilibre et un bien-être pour chacun. Reconnaître ses limites, écouter et prendre soin de chacun, accepter les changements de cap en voilà un bel apprentissage.

Un temps pour méditer :

Le mouvement incessant des vagues, les bruits incessants des vagues, parfois se stoppent pendant quelques secondes, notre corps est déjà dans l’anticipation des prochaines vagues, mais il est temps de prendre une grande bouffée d’air pour se détendre. Difficile d’être dans le moment présent et de mettre de côté l’anticipation.