Aratika

Aratika

Vidéo en lien : L’une des passes les plus difficiles des Tuamotu

Après 30 miles à naviguer dans le sud-est de Toau par mer belle avec une quinzaine de nœuds de vent au bon plein, nous arrivons à Aratika. La passe ouest est étroite, mais courte. Une petite baraque est présente au bord du milieu de la passe qui rend cet endroit particulier. Nous passons à quelques mètres de celle-ci, elle semble abandonnée. Des parcs à poissons sont aussi disséminés de part et d’autre de la passe.

Nous rejoignons nos amis Nawaks qui nous attendent sur une des deux bouées. Le lieu n’a pas grand intérêt à nos yeux, surtout en prenant compte des besoins des enfants. Nous partons donc directement prendre une des deux bouées au sud de la passe Est.

Un village quasi désert

Nous avions lu sur les guides nautiques que le village n’était que des ruines. En effet, il n’y avait pas âmes qui vivent. Une drôle d’atmosphère règne dans ces lieux. Une impression que les habitants ont fuit, qu’il fallait quitter les lieux rapidement. Certaines maisons sont délabrées, d’autres ont encore des meubles, mais tout y est entreposé dans les coins. Nous avons pu apercevoir des panneaux solaires en très bon état, des réservoirs à eau très propre et des éclairages quasi neufs. L’église semble également entretenue. Difficile de comprendre ce qu’il s’est passé. Nous trouverons plus loin une maison qui semble encore habitée mais personne ne répondra à nos appels. Nous apprendrons plus tard que les personnes ont déserté le lieu car trop isolé, mais pourquoi avoir cette sensation que les gens ont fuit, pourquoi ne pas récupérer le matériel en bon état. Nous restons interrogatif ! Malheureusement, mon appareil photo restera au bateau et nous ne pouvons vous partager des images.

L’autre village

 

Il est samedi. Nous décidons d’aller prendre une bouée pour espérer croiser des autochtones et découvrir un village. Ici aussi, il y a plusieurs bouées d’amarrage disponible. A terre, nous apprenons qu’il y a les jeux !

Il s’agit en fait du Heiva, une fête qui a lieu dans toute la Polynésie en juillet et chaque île le fait à sa manière. Ici, les habitants se réunissent quotidiennement pour participer à des jeux durant deux semaines : tennis de table, football, pétanque, lancé de javelots sur coco, tressage et volley ball. A la fin des deux semaines, il y a la remise des prix et tout le monde cuisine et partage le repas ensemble.

Nous apprenons que l’île comprend 192 habitants. Il n’y a pas vraiment de centre du village. Les maisons sont dispersées le long de l’atoll et espacées de plusieurs kilomètres à chaque fois. Seuls le bâtiment administratif, l’école, l’abri à cyclone/tsunami et l’église sont regroupés.

Nous sommes impressionnés par la taille des bâtiments. L’école est grande proportionnellement aux nombres d’habitants. Il semblerait que l’école reçoive 27 enfants. On nous explique que l’île a reçu des aides pour construire de tel bâtiment. Le quai est aussi très grand et semble la copie conforme de celui de Fakarava.

L’île est desservie par un avion par semaine et deux avions en période de vacances. Le bateau Cobia avitaille l’île toutes les trois semaines.

Nous décidons de nous balader sur l’unique route qui longe le motu côté océan. Nous sommes surpris de trouver une pension. Un endroit agréable, mais nous nous demandons si beaucoup de touriste y viennent. Nous croisons le père de la gérante. Il nous explique que des clients viennent de partir et qu’ils se font rares. Le fait de n’avoir qu’un avion par semaine hors période de vacances complique leur business. Il le dit lui même : «que voulez-vous faire ici à Aratika durant une semaine ?».

Nous trouverons une épicerie, mais le bateau avitailleur étant passé il y a 2 semaines et demi, autant vous dire qu’il n’y avait plus de produits. Cette balade en fin de journée nous aura apporté de magnifiques couleurs. Nous jouerons avec nos ombres. Difficile d’entrevoir nos visages, mais notre sourire était bien présent !

Mouillage au nord de la passe Est

Nous revenons sur notre sillage, pour aller cette fois au nord de la passe Est. Des bouées s’y trouvent également. La navigation dans le lagon n’est pas compliquée et un balisage est tracé. Nous passons l’après-midi en faisant du snorkeling et en ramassant des noix de coco, tout en profitant de la plage. Le sable y est agréable, mais la baignade se fait sur du corail. Les enfants finiront la journée sur le paddle à jouer à l’arrière de Niue.

La passe Est d’Aratika

Certaines passes sont plus compliquées que d’autres, cela dépend du courant, de la topographie des fonds et si l’atoll comprend plusieurs passes. La passe Est d’Aratika, appelée passe Fainukea, est connue pour être l’une des passes les plus difficiles des Tuamotu. Elle se prend par temps très beau, mer quasi nulle, peu de vent et à l’étale. Des conditions difficiles à obtenir. La passe prend un angle de 20° en plein milieu. Patrice et Loïc de Nawaks ont passé pas mal de temps à observer la passe et à trouver l’horaire de la marée exacte. Loïc a même envoyé le drone à plusieurs reprises.

Nous voilà le matin du départ, les gros orages de la veille restés au loin sont toujours présents et semblent toujours statiques. Un dernier vol en drone confirme l’état favorable de la passe. C’est parti pour un petit coup d’adrénaline. La visibilité n’est pas au top. L’étale s’avère être très tôt le matin et nous ne bénéficions pas encore du plein soleil. Nous nous présentons devant cette passe étroite de 25 mètres de largeur alors que Niue en fait presque 7. Ça peut vous paraître large, mais ça ne l’est pas. Une faute de manœuvre et nous nous retrouvons sur la barrière de corail. Patrice aux commandes à tribord et moi côté bâbord. La barrière est là à quelques mètres, nous ne faisons pas les malins, mais nous n’aurions jamais pris ce risque si nous aurions eu le moindre doute. Nous sortons sans encombres de cette jolie petite passe et sommes heureux de cette nouvelle expérience dans notre circumnavigation. En route pour Kauehi !

Un temps pour méditer :

Faut-il être né dans un atoll comme celui-ci pour y vivre ? Pourrions-nous vivre dans ces endroits reculés ?