Bienvenue en terre Wayuu

Bienvenue en terre Wayuu

Vidéo en lien : On sort des routes habituelles.

On avance

Nous sommes le mardi 12 octobre 2021, nous partons à l’aube en direction du continent sud américain. Se dire que cela fait plus de dix mois que nous n’avons pas remis les pieds sur un continent donne une sensation étrange, une sensation d’immensité ! Nous quittons Curaçao, l’île aux couleurs pastels, l’île aux eaux translucides et aux fonds marins rayonnants après 3 semaines et demi. Des couleurs enivrantes et apaisantes qui ont adoucit notre cœur. Nous quittons le territoire sous belle escorte, les dauphins se sont joint à nous et nous ouvre le regard sur cette immensité qu’est l’océan. Leur beauté, leur liberté et leur sourire est communicatif. Que c’est beau de se retourner et voir sa famille, ceux que l’on aime et de les voir joyeux, admiratif, et de ressentir cette légèreté que nous apporte cette liberté.

Après une belle navigation en vent arrière de 56 milles, nous faisons un stop pour la nuit sous le vent de l’île d’Aruba. Nous sommes surpris par le nombre d’immeuble et par la couleur de l’eau, surpris par la différence avec l’île de Curaçao. Ce n’est qu’une première approche, mais nous sommes étonnés du contraste entre ces deux îles si proche culturellement et géographiquement. Nous ne porterons aucuns préjugés, bien que ceux-ci ont envie de s’exprimer ! Mais nous savons que les préjugés n’ont pas leur place dans cette vie, qu’ils peuvent faire beaucoup de mal et que surtout ils occultent la vérité. Combien de fois avons nous entendu des mots si blessant dit à des parents d’enfants autistes, à des personnes handicapées. Et pas que, les préjugés se cachent partout, en tout temps. Il suffit d’y porter attention pour s’en rendre compte !

Après une bonne nuit de sommeil, nous repartons en direction du Cabo de la Vela, en Colombie. Un cap mythique de la mer des Caraïbes, il est appelé le Cap Horn des Caraïbes. Sous conseils de différents bateaux, nous privilégions une fenêtre météo où le vent est de 10 nœuds, quitte à faire du moteur. Les premières heures se font sous voiles, allure en vent arrière. Vent 15 nœuds et un courant portant, nous avançons entre 5 et 6 nœuds.

Comme annoncé le vent tombe progressivement et les moteurs prennent le relai des voiles. Notre nuit sera rythmée par le passage des cargos et des éclairs illuminant le ciel à 360 degrés. Il n’est jamais rassurant d’être en navigation aussi près des éclairs. Cette région est connue pour avoir de gros orages et en nous rapprochant du Cabo de la Vela et de ses petites profondeurs nous faisons peu les malins. Le jour se lève et j’aperçois une bande nuageuse noire, nous barrant la route. Patrice est de repos, mes palpitations montent. Je réduis la voilure pour anticiper une montée du vent. Quelques gouttes mouilleront le pont déjà humide au vu de la forte humidité ambiante. Le vent ne forcissera pas, il prendra seulement plusieurs dizaines de degrés. Cette bande nuageuse se séparent en deux au-dessus de nous, créant un passage, comme pour laisser passer Niue. C’est une sensation fabuleuse que je ressens à ce moment là, un lever de rideau ! Que le spectacle commence ou plutôt que le voyage continue ! Comme si la nature nous autorisait à passer par là, nous donnant un signe pour la poursuite de notre voyage.

A bord l’équipage se réveille gentiment. La côte apparaît tranquillement au loin, la visibilité est mauvaise malgré l’ensoleillement. Le nombre de cargo augmente considérablement, certainement dû fait que nous nous approchons de Panama. Au loin un bateau moteur se rapproche à vives allures, ce sont les gardes côtes très certainement. Nous n’en saurons pas plus. Ils passent à une centaine de mètres devant Niue et s’en vont plus au large. Nous souhaitons rester discret du fait que nous souhaitons nous arrêter en territoire Wayuus avant d’aller à Santa Marta faire nos formalités d’entrée. Je crois maintenant que les autorités savent que nous sommes là !

Quelques milles plus loin nous apercevons le fameux Cabo de la Vela. Si nous n’avions pas eu écho de sa fameuse réputation, nous n’en saurions rien. Le vent est nul, la mer très belle.

Une immense baie se dévoile à nous avec une petite ville disséminée tout le long de la côte, El Cabo. Nous slalomons entre les casiers et filets de pêche, avant que Niue pose son ancre en plein milieu dans la zone de mouillage indiquée sur notre cartographie. Niue se retrouve seul dans cette immensité.

Premier contact avec les indigènes ou pas

Nous venons dans cet endroit car c’est ici que vivent des indigènes, les Wayuus, mais notre première rencontre avec les colombiens sera tout autre et très improbable, du moins pour nous. Un orage gronde au loin et s’approche de nous. Une pluie diluvienne s’abat. Un bateau moteur, ne ressemblant pas du tout au barque locale des pêcheurs, nous accoste et s’amarre à Niue sans nous questionner. Ce sont deux familles colombienne de Medellin, une grande ville dans l’intérieur des terres. Ils sont en vacances. On ne sait pas s’ils nous ont accosté pour faire connaissance ou alors pour attendre que l’orage passe et faire le plein de gasoil. Nous nous apercevons que ce sont deux familles avec un certain niveau de vie. L’échange a été très cordial et intéressant. Nous échangeons sur nos vies, sur la Colombie. Ils nous partagent leur nourriture et nous font découvrir les boissons locales. Nous ne nous attendions pas du tout à cela pour une première approche, mais toute rencontre est belle. Après 3 heures, ils repartent aussi hâtivement qu’ils sont venus. Nous profitons de leur départ pour aller à terre, sur le continent sud américain toujours aussi heureux d’être en voyage.

Bienvenue en terre Wayuus

Nous voilà à la Péninsule de la Guarija, dans la petite ville de El Cabo, en terre Wayuus. Les Wayuus sont des indigènes Arawak qui ont résisté aux assauts des colons. Ils se sont retranchés dans cette région de la Colombie, une partie du territoire se trouve également au Venezuela. Une région sèche et aride.

La population vit principalement de la pêche, du fromage de chèvre et du tissage. Leur culture est très riche et ancestrale. Ils parlent leur dialecte ainsi que l’espagnol. La femme est le pilier de la communauté Wayuu, c’est un système matrilinéaire. Voici un lien intéressant si vous souhaitez en savoir plus.

Un dépaysement total

Nous voilà projeté dans un autre continent, un autre pays, tout est à découvrir. Nous observons, observons encore et analysons toutes ces nouvelles choses. Ici il n’y a pas de route, mais un chemin, mélange de terre et de sable. Le moyen de déplacement principal est la moto, où la place est optimisé pour être assis à 3-4 personnes. Sur le bord de la route des bouteilles remplis de carburant et un entonnoir remplacent les stations services.

La plupart des maisons sont construite à base de bois de cactus.

Les enfants nous courent après pour vendre leurs « manilla » (bracelets).

La population est discrète lorsque nous nous promenons. La ville est calme et n’est perturbée que par le bruit des motos et quelques aboiements de chien. A la nuit tombée, nous entendons les groupes électrogènes au loin. Le matin les femmes tissent leur « mochilas » ou « bolsa » (sac) à l’ombre des petites cabanes en cactus, leur visage est enduit de terre rouge afin de se protéger du soleil.

Les hommes rentrent de la pêche. Leur vie est ouverte sur la route ou sur la plage, nous pouvons observer de belles scènes de vie. La chaleur est bien présente et rythme la vie des habitants. Un endroit calme et paisible, souvent balayé par un fort vent qui attire de nombreux kite surfer.

Nos enfants très timide au premier abord avec les enfants de la ville, prennent ensuite plaisir à jouer au loup et à jouer au morpion dans le sable.

C’est un très joli échange entre enfants de différentes cultures. Nous prenons le temps également de leur expliquer les différences de culture, d’introduire du nouveau vocabulaire et de faire un petit récit. Une chose également très enrichissante pour notre enfant autiste est de pouvoir voir avec lui les différents codes sociaux (qui sont souvent difficile pour les personnes autistes) par rapport à chez nous, de travailler sur les expressions sociales aussi différentes, et d’axer sur le non verbal au vu de la différence de langue. Des points qui lui ouvrent l’accès à la compréhension des échanges sociaux et qui ne peuvent que l’aider pour son futur.

Pas un sous !

Venant de Curaçao, nous n’avions aucun pesos, la monnaie locale. Ici pas de banque bien sûr et surtout personne ne veut changer nos dollars US. Les habitants ne vont que très rarement dans les grandes villes, le change des dollars semble très compliqué. Nous avons besoin d’une carte sim pour pouvoir surveiller la météo dans ce climat hostile, où le vent peut se lever rapidement. Nous avons pris les prévisions météorologiques sur plusieurs jours, mais nous ne sommes pas à l’abri d’un changement. Nous nous sentons également gêné et déçu de ne pas pouvoir participer au commerce local. Nos recherches à travers la ville s’avèrent fructueuses, deux couples de nomade nous échangent nos dollars contre des pesos. Milles mercis encore à eux. C’est toujours sympa d’échanger avec d’autres voyageurs, dans ce cas là des voyageurs à pied et cela nous rappelle aussi notre amour pour le voyage à terre.

Les formalités nous appellent

Après 3 nuits passés ici, nous devons penser à lever l’ancre pour aller faire nos formalités d’entrée sur le territoire colombiens. Après étude budgétaire de différents ports où nous pourrions laisser Niue pour un road trip, nous décidons d’aller à Santa Marta. Il faut savoir qu’en voilier, chaque fois que vous changez de province, vous devez payer à chaque fois la somme d’environ 200 euros. Cap sur Santa Marta pour plus de 24 heures de navigation.

Un temps pour méditer:

Qui ne tente pas, ne sortira jamais des sentiers battus.