Tous différents, tous des rêves dans sept à huit sur TF1

Tous différents, tous des rêves dans sept à huit sur TF1

Vidéo en lien avec l’article: Replay Sept à huit du 11 avril 2021

Un jour en ouvrant notre compte Facebook, nous voyons un message de l’émission sept à huit. Il précise que la chaîne TF1 souhaite effectuer un reportage sur trois familles parties voyager à la voile aux Antilles. Nous prenons contact et la personne nous explique son intérêt quant à notre projet de Tous différents, tous des rêves, notre projet de sensibilisation à l’autisme.

Un moment d’hésitation

Nous avons longuement hésité à effectuer ce reportage de sept à huit pour diverses raisons, mais l’importance de notre projet a fait clairement basculer la balance du côté de l’acceptation. La base de notre projet est de créer un vent de liberté, de réflexion sur ses rêves, ses envies et d’ouvrir un peu plus l’horizon sur l’autisme. Faire tomber les préjugés, accepter les différences, adapter la société à la différence. Si chacun fait un pas vers le centre, tout le monde s’y retrouve, en faisant le même nombre de pas et en fournissant la même énergie.

Une prise de risque de passer à sept à huit

Nous décidons donc de prendre le «risque» de faire ce reportage, après discussion et acceptation de nos enfants bien entendu.

Une prise de risque oui, car nous ne sommes pas maître de nos actes et cela a été très difficile pour nous. Cela nécessite un lâcher prise, être hors contrôle ce qui n’est pas du tout dans nos habitudes. Ce reportage pouvait être autant positif que négatif. Nous ne voulions pas véhiculer de fausses idées, donner trop d’espoir, que le voyage apparaisse être l’option la meilleure, ou encore que tout est facile. Nous avions peur de blesser des parents d’enfant autiste ou des personnes autistes, de leur porter préjudice. Les mots et les images sont des mots et des images qui peuvent être modulés, croisés, coupés afin d’en donner d’autres !

Malgré la discussion avec nos enfants, nous avions également peur de leur retour en étant plus grand, peur qu’ils regrettent. Nous en avions bien discuté avec eux avant d’accepter, mais ils sont encore petits et leur vision du monde également. Leurs visages auront le temps de grandir et à l’adolescence ils seront moins reconnaissables.

S’exposer au regard des autres

Une de mes pires craintes est le regard des autres, comment se fait-il que je me retrouve là, à passer à la télévision, faire des vidéos YouTube et vous dévoilez mes ressentis. Je ne sais pas ! Enfin j’ai en partie mon idée sur la question.

Quelque chose en moi anime cette envie de partager notre expérience, nous avons failli abandonner notre projet de voyage, abandonner notre couple et abandonner des rêves, des envies alors que je suis persuadée que c’est dans cette direction qu’il faut aller. Redonner du sens à notre vie, de l’énergie et transmettre ce que nous savons à nos enfants. Peut-être que notre vision peut s’avérer utile à d’autres.

En temps que personnes concernées par l’autisme, ouvrir son horizon est une chose importante à nos yeux. Vous connaissez le rayon vert ? C’est ce point vert que l’on peut apercevoir quelques secondes au moment du coucher du soleil, la dernière lueur visible. Pour cela il faut un horizon pur, exempt de tout nuage. Et bien celui-ci n’existe pas encore pour l’autisme.

Se retrouver face à une de mes pires craintes n’est pas forcément agréable, il faut croire que j’aime me faire du mal ou alors c’est comme cela que je grandis, que j’affronte mes peurs. Je vais encore méditer sur cette question, ce n’est pas clair ! Quoi qu’il en soit vous l’aurez compris, ce n’est pas toujours une partie de plaisir et c’est tout un apprentissage de prendre du recul sur d’éventuelles critiques. Je prend tout très à cœur et tout me touche profondément. J’ai appris cette dernière année l’importance de prendre soin de soi et d’écouter ses limites, ce qui me fait me requestionner sur la suite forcément.

Faut-il continuer

Ce questionnement anime de multitudes autres questions : est-ce que tout cela sert à quelques choses ? Y-a-t-il un impact positif ? Est-ce que le message que l’on souhaite passer passe-t-il vraiment ? Mieux ne vaut-il pas consacrer plus de temps à sa famille ?

Je me pose donc la question sur la suite. Il est difficile d’avancer sans vraiment savoir où l’on va, sans savoir si cela est positif. Mettre autant d’énergie sans savoir vraiment si le cap que l’on a choisi est le bon. Comme je vous le disais une fois, je ne suis pas une endurante, mais plutôt une sprinteuse ! Il paraîtrait qu’avec l’âge nous devenons plus endurant, c’est peut-être la bonne opportunité pour y travailler.

Faut-il continuer ? La réponse est oui. Bien qu’il y ait des points négatifs, ceux-là deviennent positifs sous un autre angle. Je pencherais donc ma tête à chaque difficulté rencontrée.

Nos ressentis après le reportage de sept à huit

Dans l’ensemble, nous avons été satisfait du reportage. Les choses n’ont pas été modifiées, par contre un peu accentuées. Nos dires sont restés intacts, c’est la voix off qui accentuait ce que nous lui avions dit par ailleurs.

L’explication du choix de vie est respectée. La mise en avant des diminutions des crises, du bien être de Naël et le fait de retrouver un équilibre familial ainsi que la place de Camille est parfait.

Mais bien sûr nous avons été frustré. Nous avons temps de choses à dire, à expliquer. Cette partie de notre vie est tellement dense, complexe, riche, que 7 minutes paraissent bien pauvre ! Nous avons aussi été frustrés en rapport avec tous les rushs pris et le peu aperçu dans le reportage. Mais le plus frustrant pour nous, c’est que la partie où nous parlions de sensibilisation à l’autisme a été coupée, ce pourquoi nous avions accepté en grande partie de participer à ce reportage, cette prise de risque !

Ce fût une expérience très enrichissante, qui nous a amené une multitude de réflexion et donc un fort enrichissement personnel. Nous avons passé deux jours de tournage intense avec le reporter et le caméraman que nous tenons à remercier pour leur gentillesse et l’opportunité qui nous a été donnée de partager un moment de vie.

Il faut savoir se satisfaire du peu que l’on a, nous sommes donc satisfaits du reportage et du petit impact que nous avons peut-être eu sur l’autisme, sur le voyage. Nous espérons avoir été à la hauteur de vos attentes et n’avoir blessé aucune personne autiste ou de son entourage.

Un temps pour méditer :

Faut-il combattre ses peurs ou plutôt les écouter ?